Arushaniouz

Vendredi dernier, j’étais en mission pour l’association Papier pour Tous (Paper4All). Cette association a été créée en 2006. En gros, leur objectif est de récolter des fonds pour pouvoir acheter plusieurs fois par an des fournitures scolaires, distribuées dans les écoles primaires des quartiers défavorisés, et ainsi permettre aux enfants les plus démunis d’avoir au moins de quoi écrire. Pour l’instant, cela se passe principalement à Ouagadougou, mais ils souhaitent élargir leurs actions au sein des campagnes et autres villes du pays.

J’ai connu cette association quand j’étais encore en France et le responsable m’en avait proposé la présidence pour le Burkina Faso. Proposition que j’ai déclinée, car je considérais, et considère toujours, qu’il est nécessaire de connaître tant soit peu un pays avec ses us et coutumes, les enjeux sociaux et politiques, avant de s’engager sur ce terrain. Mais j’ai accepté d’être présente et de participer aux distributions.

Donc, me voilà partie en mission avec un autre membre de l’équipe, Moussa, qui travaille au sein de l’Unicef.  Tout d’abord, nous sommes allés chercher les fournitures à la papeterie. Des cartons et des cartons de cahiers, stylos et craies, que nous avons chargés dans la voiture. Et nous nous sommes mis en route vers Tanghin, un quartier situé au nord de Ouagadougou, pour faire la distribution dans trois écoles primaires, triées sur le volet.

Ces écoles accueillent chacune environ 550 élèves, répartis sur 6 classes ! Et oui, cela fait entre 90 et 100 petits écoliers par classe. Il y a légèrement plus de filles que de garçons, un constat qui m’a fait plaisir car l’accès à l’éducation pour les filles n’est pas toujours assuré ici, surtout parmi les plus pauvres. Et quelle discipline ! Imaginez  100 enfants d’une dizaine d’années sages comme des images, qui ne parlent que quand on le leur demande, qui se lèvent quand un adulte entre, ou sort, et le tout sans vacarme. Quand je pense à ma petite classe de 20 que j’ai du mal à tenir…

Comme vous pouvez l’imaginer, nous avons été très bien reçus, aussi bien par les enseignants que par les enfants. Les sourires et la joie sur tous ces visages m’ont fait vraiment chaud au cœur, et je suis fière de ce que nous avons accompli. A chaque fois, une classe a été choisie pour la remise symbolique des fournitures. La distribution effective sera assurée par la direction des établissements, aux enfants qui en ont le plus besoin.

Nous avons, malgré nous, choisi un très bon jour pour cette distribution, car c’était « journée traditionnelle ». La plupart des enfants étaient habillés traditionnellement, et en majorité en tenue mossi avec des tissus rayés blanc et bleu. Il y avait également quelques Peuls, reconnaissables à leur chapeau typique, et des Gourmantchés, vêtus de tissu noir et rose. On m’a expliqué qu’il y a différentes qualités de tissu et de tissage, qui sont un signe extérieur de richesse, ou alors de pauvreté. Les filles arboraient également des foulards imprimés d’oiseaux. Ces foulards sont communs à tout le Burkina, et sont portés par les femmes certains jours de fête. Les tresses des filles ont des significations aussi, ainsi que les perles qu’on y ajoute. D’ailleurs, les cheveux sont tressés pour les protéger du soleil, pour l’hygiène, puis selon des codes bien spécifiques (et il est de mon avis que les nassaras qui ne peuvent résister à l’envie de se faire faire des tresses feraient mieux de s’abstenir, surtout si elles en ignorent le symbolisme). Pour finir, le tout était complété par des peintures corporelles à l’argile pour certains. Un très joli spectacle !

Je suis ravie d’avoir participé à cette mission, d’avoir permis à quelques centaines d’enfants de disposer de ce qui est le strict minimum : un cahier, un stylo, et une craie pour l’ardoise. C’est une petite goutte d’eau certes, mais une goutte d’eau quand-même.

Lien vers l'association : http://www.paper4all.org/accueil-french/