Arushaniouz

Demboti sera le dernier volet sur nos vacances au Bénin. C’est un tout petit village au nord-est de Kouandé, sur la route de Bani Koara.  

C’était jour de marché, et j’ai souhaité y faire un tour.  Une voiture qui s’arrête, puis des blancs qui en sortent, ce n’est pas coutume dans ce petit village, et on nous a observés de loin, avec curiosité et retenue, mêlées d’une certaine appréhension.

Je me suis adressée à un monsieur qui s’avérait parler français, pour demander l’autorisation de prendre une petite photo. Autorisation accordée, et après un début très timide, avec juste quelques enfants qui voulaient bien, petit à petit, aussi bien les hommes que les autres enfants que les femmes se sont approchés de nous. Les femmes refusent souvent les photos, car elles craignent que leur âme ne soit enfermée dans une boîte. Et là, une fois en confiance, ce sont elles qui m’ont sollicitée pour que je les prenne en photo et surtout, leur montre le résultat. En contrepartie, j’ai été prise en photo également, par tous ceux qui disposaient d’un téléphone portable le permettant. Et il y en avait pas mal ! Philippe aussi s’en est donné à cœur joie, entouré de plein d’enfants joyeux et excités. Nils quant à lui a préféré remonter dans la voiture. Il supporte mal de se retrouver au milieu de la foule, et d’être scruté et touché, un peu comme une bête curieuse. Je le comprends.

Vous verrez sur les photos que les femmes ont les visages tatoués, des colliers ethniques, et des coiffures spécifiques. Elles font partie de l’ethnie des Peuls, un peuple nomade d’éleveurs, qui se sédentarise de plus en plus. Nous avons bien sûr fait quelques achats sur le marché : des épices, des feuilles séchées et même du tabac à priser, pour le fun.  Malheureusement il n’y avait pas de fromage peul : un fromage très frais vendu à la louche, qui prend une croûte rouge en vieillissant et qu’on mange alors frit. C’est délicieux.

Le climat de confiance était maintenant total, et la jeune femme tenant le stand nous a montré son bébé de quelques semaines qu’elle portait sur le dos. Une petite fille albinos… Sa sœur jumelle était avec sa nourrice. Les jumeaux sont considérés comme des enfants pas comme les autres,  et le plus souvent, heureusement, comme une bénédiction, un don du ciel disposant de pouvoirs sacrés. Les albinos en revanche font l’objet de nombreuses superstitions et sont souvent persécutés, voire tués.  Alors des jumelles albinos, qu’est-ce que cela peut bien donner ? Nous ne le savons pas du tout, mais en tous les cas la maman et la mamie, ainsi que tous ceux qui les entouraient dans ce petit village étaient très fiers de nous la montrer. La grand'mère lui a même enlevé son petit pagne servant de couche, pour que je puisse bien la voir, et bien sûr m’extasier sur ce beau bébé. Je ne sais pas quelle va être leur vie, à elle et sa petite sœur, mais je préfère me l’imaginer remplie d’amour et de bonheur.

Cette petite halte m’a vraiment fait chaud au cœur, c’était une rencontre riche et vraie. D’ailleurs, au Bénin, presqu’à chaque fois que nous nous sommes arrêtés, l’accueil a été très chaleureux, surtout de la part des enfants. Dès qu’ils nous apercevaient, ils couraient vers nous. Regardez aussi les photos prises à la sortie d’une école, le temps d’appuyer sur le déclencheur !