Arushaniouz

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Le faux départ du Mogho Naaba

Vendredi matin, nous avons assisté à la cérémonie traditionnelle et ancestrale des Mossi, appelée « Le faux départ du Mogho Naaba ».  Il existerait plusieurs versions de cette légende, mais le Larlé Naaba nous a raconté celle-ci :  Il y a fort longtemps, le roi Mogho Naaba, tout habillé de rouge,  était à cheval prêt à partir en guerre pour récupérer sa femme qui avait été enlevée par un clan adverse. Mais  les ministres ont supplié le roi de ne pas y aller, de ne pas mener son armée au massacre, et de sauvegarder la paix dans le pays. Le roi a cédé à cette demande, a enlevé son habit rouge et a ramené son cheval à l’écurie, sous les clameurs joyeuses de son peuple, qui avait compris que leur roi était un très grand roi, sachant renoncer à la guerre et faire passer son devoir avant l’amour.  La couleur rouge dans la tenue vestimentaire traditionnelle est toujours symbole de guerre pour les Mossi aujourd’hui.  

C’est cette histoire qui est mise en scène lors de la cérémonie hebdomadaire, aux abords du palais royal. Le Mogho Naaba, le roi des Mossi, y joue son « propre » rôle, en présence de ses ministres et bon nombre d’autres notables. Nombreux sont aussi les spectateurs, majoritairement burkinabés, et quelques touristes.  La cérémonie précède le conseil des ministres, qui à son tour est suivi des audiences que le roi accorde à certains de ses sujets qui en ont fait la demande.

Nous savions que cette cérémonie existait, mais comme souvent quand on habite quelque part, nous n’avions pas encore pris le temps d’y aller. Et là, l’occasion s’est présentée lorsque son excellence le Larlé Naaba Tigré, que nous avons eu l’honneur de rencontrer dans le cadre de mes activités pour Rijk Zwaan, nous a invités, Philippe et moi, à y assister.  Le Larlé Naaba est l’un des ministres du roi des Mossi. 

Donc nous voilà en place à 07h30 tapantes, pour voir le faux départ du roi. Tout le monde peut y assister, mais il y a des règles à respecter, dont nous avons fait la découverte au fur et à mesure du déroulement de l’événement. En arrivant nous nous sommes mêlés à la foule qui attendait sous les arbres formant un grand demi -cercle devant  le palais royal. Le cheval était déjà en place, et je l’ai pris en photo. Aie aie aie ! Je n’avais pas vu les panneaux d’interdiction absolue de photographier… Mais un policier en civil a vite fait de me réprimander assez sévèrement.  Heureusement il a bien voulu accepter mes plus plates excuses... Qu’il s’agissait d’un policier en civil, je ne l’ai compris que plus tard, et en fait il y en avait beaucoup parmi les spectateurs, pour veiller à ce que tous observent une attitude et un comportement des plus respectueux.

Peu après cette petite mésaventure, les ministres et notables sont arrivés et se sont assis par terre en arcs de cercle et selon leurs rangs. Ensuite, les policiers en civil ont fait avancer deux groupes de spectateurs, pour qu’ils soient aux premières loges pour assister à la cérémonie, sur des critères que je n’ai pas bien saisis, mais je pense que c’étaient ceux qui allaient être reçus en audience et qui s’étaient rassemblés par je ne sais quel procédé aux endroits appropriés. Et là, le Larlé Naaba nous a repérés, et a demandé à l’un des policiers de nous faire avancer aussi ! Ha, ça a du bon, un petit traitement de faveur !

La cérémonie à proprement parler a ensuite commencé, et s’est terminé par un grand coup de canon qui a fait faire un bond de surprise à la plupart d’entre nous, et a déclenché des rires joyeux. Comme les clameurs du peuple dans la légende.

La scène s’observe d’assez loin, et il est difficile de vraiment suivre ce qui se passe. Mais connaissant l’histoire, on arrive à saisir l’essentiel.  Tout ça ne dure pas bien longtemps, un petit quart d’heure à peine.

Tout le monde s’est ensuite dispersé, et le Larlé Naaba nous a fait un signe de la main. Nous ne savions pas très bien quoi faire, et nous nous sommes avancés vers lui lentement, un peu hésitants. Sur ce, l’un des notables nous a fait lui aussi un signe, que j’ai pris tout d’abord pour un « stop, pas plus loin ! » mais qui en fait était une invitation à venir saluer le Larlé. Que nous avons remercié chaleureusement.  

Quant à la photo interdite, je la garde en souvenir. Mais par respect des traditions, je ne la publie pas sur mon blog. 



17/06/2013
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