Arushaniouz

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Mes petites marchandes

Parfois, je vais me promener dans le quartier. Au début, ce n’était pas facile, car je me faisais interpeler tous les trois mètres par les vendeurs, qui sont omniprésents.  Il y a les petites échoppes en face de la maison, les vendeurs à la sauvette, ceux qui proposent les cartes téléphoniques, ceux qui ont toutes sortes de petits articles d’artisanat cachés dans les plis de leurs habits, etc etc. C’était parfois (et ça arrive encore) un peu pesant et envahissant.

Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. On me connaît maintenant, on sait qui je suis et où j’habite. J’ai fait faire les rideaux par le couturier qui a installé sa toute petite boutique à côté de la maison, achète les fournitures scolaires sur le même bout de rue, le pain un peu plus haut et ainsi de suite. Je connais aussi quelques mots de mooré, et sais maintenant que quand on m’appelle nassara, cela veut dire « le blanc, la blanche ». Alors je réponds par nissabara, qui veut dire « le noir », et du coup yel kabé, ‘y a pas de problème, et on échange quelques mots dans la joie et la bonne humeur.  C’est important d’entretenir de bonnes relations avec le voisinage. Je me suis laissé dire que les Burkinabés y sont très sensibles, et cela m’est agréable à moi aussi.

Donc, je me promène, et m’arrête souvent en cours de route pour discuter un peu. Ici, on ne dit pas simplement « bonjour, ça va ? ». Non, on demande et on donne des nouvelles de la famille, de la santé, du travail. Cela dure quelques minutes à chaque fois, ce qui fait qu’aller chercher le pain à 200 m peut prendre pas mal de temps. Mais j’en ai du temps, et quoi de mieux pour faire des petites rencontres certes éphémères, mais tellement sympathiques.

Hier après-midi, je me suis arrêtée pour acheter quelques fruits chez ma petite marchande préférée. Je ne discute plus les prix des fruits et légumes avec elle. J’ai une bonne notion des prix maintenant, et elle sait que si elle veut me voir revenir, les siens doivent être corrects.  Et elle me fait systématiquement cadeau de quelques bananes ou quelques tomates. Au début cela me gênait, mais c’est de coutume et j’accepte maintenant de bon cœur.  Surtout depuis que l’on m’a dit qu’il n’est pas bien vu de refuser un présent, même par ce qui pour nous relève de la politesse.  Et rien de tel pour me fidéliser !

A côté de son étal se trouve une marchande de vanneries. Plusieurs fois déjà j’ai acheté des paniers chez elle et cela faisait quelque temps que je ne l’avais pas vue. Ca m’a fait plaisir de voir qu’elle était de retour. Elle est venue vers moi, sa voisine comme elle m’appelle, avec un grand sourire, et nous avons passé un petit moment à discuter. Elle revenait de voyage, et avait fait quelques salons, notamment en Côte d’Ivoire, d’où elle a rapporté des marchandises. Elle aussi m’a fait un cadeau, un très joli bracelet. En contrepartie, évidemment, je lui ai promis de revenir ce matin pour regarder ses sacs et paniers. C’est chose faite, et j’en ai acheté bien sûr... Pour ça j’ai pris mon courage à deux mains, car le marchandage n’est pas mon fort ! Cela fait partie du jeu ici, et tout se discute. C’est l’occasion d’échanger, de palabrer et de passer un moment ensemble. Le marchandage a un rôle très social, et c’est vrai qu’il y a un côté convivial et joyeux. Alors même si ce n’est guère dans mes gênes de nordique, je m’entraîne et j’apprends. Et si je paye trop cher (le prix du blanc), ce qui a certainement été le cas une fois de plus aujourd’hui, et bien, tant mieux pour la vendeuse !

 



30/03/2013
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