Arushaniouz

Il y a quelque temps, je vous ai promis un « spécial baobab ». Et bien, le grand jour est enfin arrivé. Je vais essayer d’éviter de faire trop « wikipédia », et vous en dire tout simplement ce que j’en sais, ce que l’on m’a raconté. En prenant le risque de faire probablement quelques erreurs…

Le baobab m’a toujours fascinée. Je trouve cet arbre majestueux, bien que pas vraiment beau, et pour moi il est intimement lié à l’Afrique, à l’aventure. Quand nous étions en vacances au Mali il y a une bonne dizaine d’années, mon premier baobab m’a vraiment fait sentir que j’étais « ailleurs » et j’ai ressenti une bouffée de plénitude et de bonheur. Prenez-moi pour une zinzin, mais c’est l’effet que cet arbre me fait toujours aujourd’hui.

Le baobab met du temps à pousser. Quand il est jeune, il a une forme de bouteille et son tronc est rempli d’eau. D’ailleurs, je le trouve disproportionné : un grand tronc qui donne l’impression de pousser à l’envers, et quelques branches haut perchées avec tout au bout de toutes petites feuilles éparses. La plupart du temps, le baobab a l’air d’être mort. Mais pas du tout. Dès qu’il y a un peu d’eau, il fait des feuilles d’un vert éclatant.

En vieillissant, son tronc prend de plus en plus d’ampleur, n’a plus cette forme de bouteille, et se creuse. L’arbre prend des formes biscornues, tortueuses et même un peu baroques. Il peut vivre 2000 ans, atteindre une hauteur de 20 m avec un tronc d’une circonférence de 30 m (ça, j’ai été vérifié).  

Le baobab fleurit. J’en ai vu un en fleurs quand on était au Bénin. C’est étrange, il y en a avec des fleurs, d’autres avec des fruits, d’autres encore avec les deux à la fois, avec feuilles, sans feuilles… et tout cela se côtoie. Alors pour assouvir ma curiosité au sujet de la saisonnalité du baobab, je n’ai pu m’empêcher de me renseigner un peu :

Feuilles : caduques, apparaissant entre juillet et janvier. Dans les zones arrosées, le baobab peut garder ses feuilles toute l'année.  Fleurs : éphémères, entre mai et août (hémisphère nord). Elles sont pollinisées par les chauves-souris, la nuit. Fruit : calebasse, pendante, de 30 cm de long, appelée " pain de singe " en Afrique.  

Source : http://www.lesarbres.fr/baobab.html

Le mystère des fleurs en février reste entier... c’est peut-être dû à un dérèglement de la vie nocturne trépidante des chauves-souris, lié au réchauffement de la planète ? Trêve de plaisanterie, parlons plutôt de ce qu’on peut faire avec le baobab.

Dans la région du sahel et même au-delà, la consommation de feuilles de toutes sortes d’arbres et arbustes est très répandue. C’est à peu près tout ce qui réussit à pousser dans ces contrées arides, et on en trouve littéralement à toutes les sauces. La feuille de baobab ne fait pas exception. On l’utilise fraîche, séchée, en poudre, en pâte… et elle donne une texture gluante à la préparation. C’est un peu space, mais on s’habitue. Quant à son goût, il est assez neutre, herbal, feuillu quoi.

Le fruit, le pain de singe, pendouille dans l’arbre, et est assez gros par rapport aux feuilles et branches. Les singes en raffolent, d’où son nom. Les Burkinabés en mangent le matin au petit déjeuner, du pain de singe, avec du bouilli de mil. J’en ai préparé moi aussi, pour essayer, mais je n’ai pas été conquise. Le mélange bouilli de mil - poudre de pain de singe a une couleur grisâtre, une consistance gluante et un goût fade, douceâtre. J’ai essayé à l’eau et au lait, avec du sucre et du miel, et ai même demandé à Bitha d’en préparer au cas où je m’y serais mal prise, mais non, rien n’y fait et j’ai décidé de rester au muesli…

Il paraît qu’on utilise le pain de singe aussi pour faire des boissons, et les feuilles auraient plein de propriétés médicinales : anti-inflammatoire, antianémique et d’autres anti encore. Le bois peut servir à fabriquer du papier et des instruments de musique. On fait des cordes avec l’écorce, et on avait déjà vu que son tronc creux peut abriter des tas de choses.

Et comme dirait le sage africain : plus le singe monte sur le baobab, plus il montre son derrière. A méditer...