Arushaniouz

Le CNAA, le Centre National d’Art et d’Artisanat de Ouagadougou, est un centre de formation et de travail pour jeunes artistes. On peut les voir travailler, discuter avec eux, découvrir leurs techniques, et bien sûr aussi acheter leurs créations : batik, bogolan, peinture, bronze, bois... Il y a aussi la possibilité de suivre des stages auprès des artistes eux-mêmes, il suffit de discuter, palabrer et négocier un peu... J’aime bien m’y promener, prendre mon temps, et m’imprégner de cette ambiance assez particulière. 

J’en profite pour vous donner quelques rapides explications sur le batik et le bogolan :

  Le batik est une technique de teinture de tissu, le plus souvent du coton (le Burkina est un grand producteur de coton). Cette technique se fait avec notamment de la cire chaude et des bains de teinture successifs. Les motifs obtenus représentent souvent des scènes de la vie quotidienne. Les produits employés me semblent assez toxiques, et en tous les cas il m’a été difficile de rester longtemps à proximité des artistes, tant la chaleur et les émanations sont fortes.

  Le bogolan est également une technique de teinture de tissu, mais les artistes utilisent des produits naturels. Les couleurs sont obtenues à partir de terre, de feuilles, d’écorces… Les motifs sont plus abstraits que ceux du batik, et riches en significations, spirituelles et protectrices par exemple.

Mon petit coup de cœur va vers un artiste peintre du nom d’Ahmed Bolly. Ahmed utilise la technique du bogolan pour réaliser ses tableaux. En bon commerçant, il m’a proposé de l’accompagner pour aller chercher la matière première et faire les décoctions pour obtenir les couleurs. Puis de m’initier à la technique. Le tout moyennant une contribution financière de ma part, ça va de soi.
Pourquoi pas, ça pourrait être intéressant et je vais y réfléchir.

Les toiles d’Ahmed Bolly sont au premier abord d’une simplicité assez déconcertante, mais en y regardant plus près et en écoutant les explications de l’artiste, on se rend compte que les dessins sont plus riches qu’il n’y paraît. La petite toile que je me suis offerte et que voici en photo, représente un paysage du Sahel. Les personnages, des nomades, sont en position d’attente mais pleins de confiance, en contemplant le soleil, qui représente l’espérance et l’avenir, l’ouverture sur le monde (enfin, il me dit bien ce qu’il veut, mais ça m’a plu). L’ocre, le marron et le noir qu’Ahmed a utilisés sont des colorants naturels, et je trouve que les touches de couleur presque fluo y apportent un petit quelque chose de différent, de touchant et de vivant. En tous les cas, j’aime me plonger dans cette peinture, qui m’ouvre tout plein d’horizons !