Arushaniouz

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Une histoire Maasaï

Vous avez certainement déjà entendu parler des Maasaï, ce peuple semi-nomade éleveur de bétail, qui vit surtout dans le nord de la Tanzanie, et au Kenya.  On voit beaucoup de Maasaï en Tanzanie, en ville comme dans les plaines, drapés de leurs couvertures traditionnelles  dans la région d’Arusha, ou de tissus plus légers aux alentours de Morogoro, vers le sud où il fait plus chaud.  Ils ont fière allure, surtout les jeunes adolescents, tout en longueur et en finesse. 

 

Certains de ces jeunes connaissent encore aujourd’hui des rites d’initiation, et on les voit passer parfois à Arusha, par petits groupes, habillés de tissus noirs et le visage peint de blanc, prêts pour le passage à l'âge adulte.

 

Au sujet de leur initiation, on m’a raconté l’histoire suivante, située par le narrateur dans les années 70. Ca vaut que ça vaut, je n’ai pas vérifié l’authenticité du récit, peut-être seulement un mythe, mais j’ai trouvé que c’était une belle histoire.


Pendant 28 jours, le jeune élu, âgé d’environ 16 ans, est isolé de sa famille et de son village, le boma, en compagnie de quelques adultes, qui vont le former à ce qui l’attend. C’est-à-dire, tuer un lion. Il taille sa lance dans du bois d’eucalyptus, un bois très dur. La lance doit  être très pointue des deux côtés. Il aura également un bouclier, décoré de cordes, qui empêcheront les griffes du lion de glisser lors de l’attaque. Le jeune Maasaï n’aura pas le droit à l’erreur : il n’aura qu’une seule chance de planter sa lance, comme il l’aura appris, dans la gueule du lion ; ce sera le lion, ou lui. 

 

Au bout de ces 28 jours de préparation, le grand jour arrive enfin. Entre temps, on aura repéré le lion, on saura où il se trouve. Le jeune sort dans la savane, suivi d’un groupe d’une quarantaine de membres de son village, affronter le lion. Le lion, qui sent les Maasaï venir de loin, se sent un peu menacé et s’en va. Il ne s’enfuit pas vraiment, mais il s’éloigne. Le groupe le suit. Le lion continue à progresser devant eux. Le groupe continue à le suivre. Puis vient le moment où le lion est agacé d’avoir toujours tous ces gens derrière lui, avec ce jeune homme qui les précède. Alors il fait volte-face et attaque ! Le lion charge, le bouclier fait bouclier, ce pour quoi il est fait, et le jeune Maasaï plante sa lance comme il l’a appris dans la gueule grande ouverte du lion. La lance s’enfonce dans le crâne à travers le palet et le lion meurt. 

 

Alors le jeune Maasaï le scalpe. Il  découpe la queue avec un morceau de peau du dos, trophée qu’il portera fièrement sur sa tête. Parfois, c’est le lion qui gagne. Dans ce cas, personne ne viendra au secours du jeune Maasaï qui va mourir. On attendra que son corps soit raide, et on le posera debout contre un arbre. Ce sera sa sépulture.  

 

Même si cette histoire était véridique, rassurez-vous, le rite d’initiation ne pourrait plus se pratiquer de cette façon aujourd’hui, car il est interdit de tuer un lion.

 

Les Maasaï ne sont pas chasseurs, ni cultivateurs (à l'origine tout du moins). Ils se nourrissent principalement du lait et du sang de leur bétail, qu’ils font saigner mais ne tuent pas. Autant vous dire que les enfants qui survivent à ce régime sont plutôt forts ! Ils sont secs et élancés, pas une once de graisse. Contrairement à ce qu’on pourrait penser en les voyant, drapés de tissus et parés de perles colorées, les Maasaï forment la population la plus riche du pays. Ils investissent tout en bétail, se constituant ainsi de véritables fortunes. 

 

A l’issue de l’histoire du lion, j’ai demandé pourquoi nous ne voyons jamais de jeunes filles Maasaï au dehors. On voit des enfants, beaucoup de garçons adolescents, des personnes plutôt âgées. Mais jamais une jeune fille adolescente. C’est que la jeune fille est considérée comme un trésor à préserver. Elle reste au boma, l’enceinte du village, cachée du monde extérieur. Elle ne sort qu’à de très rares occasions, comme quand un jeune Maasaï a tué le lion et est prêt à se marier.

 

Elle est mariée très jeune,  mariage arrangé par les familles, et la famille du futur époux donne en échange de la fille de nombreuses têtes de bétail …  Elle est d'autant plus précieuse, m'a-t-on dit, qu’elle sait travailler dur. Elle s’occupe des enfants et de la maison. Si l’homme monte la structure des cases, la femme les couvre de torchis à base de bouse de bétail et les entretient. Elle va chercher l’eau, le bois, elle s’occupe des repas.  Pour l’homme, c’est un peu plus cool, il fait paître les troupeaux, si ce ne sont pas les enfants qui s’en chargent.

 

Les Maasaï fascinent, par leur allure et leur façon de vivre. C’est certainement pour ça que de nombreux mythes et histoires les entourent. Sur moi aussi, ils ont cet effet de décupler l’imagination, et du coup il y a quelque chose de très insolite quand on les voit circuler en moto, le téléphone portable à la main.  Je n’ai que cette photo d’un jeune Maasaï, de dos, mais j'ajoute quelques photos de peintures les représentant, que vous avez probablement tous déjà vues quelque part, et qui se vendent ici à tous les coins de rues et de pistes, ou presque.

 

 

 

 

 

 



25/03/2017
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